Cabanes

Qui, dans son enfance, n'a jamais construit une cabane dans les bois, bercé par les histoires de Robinson Crusoë ou de L'appel de la forêt ? Construire sa propre cabane c'est prendre son destin en main, quitter sa famille, partir à l'aventure, et conquérir de nouveaux territoires, à la fois inquiétants et riches de promesses et de découvertes.

Henri David Thoreau, dans son récit autobiographique, Walden ou la vie dans les bois, adosse sa propre expérience à celle des peuples Indiens autochtones et des premiers trappeurs, cherchant à retrouver une simplicité et une économie de vie à l'opposé de la nouvelle société de consommation américaine. Marielle Macé, dans Nos cabanes, se fait l'écho des luttes contre la marchandisation des terres et leur saccage. Dans les deux cas, il s'agit de squatter la terre, à la marge, pour la préserver. Mes peintures de cabanes obéissent à cette même nécessité.

Ma première toile de cabane, intitulée La maison dans la forêt, remonte à 2014. C'était la première peinture que je peignais dans mon atelier fraîchement rénové, comme un symbole d'un nouveau chez-moi. Elle fait référence à l'habitat des Indiens Ahwahnechee qui vivaient dans la vallée de Yosemite en Californie avant l'arrivée des blancs.

Par la suite, j'ai opéré une synthèse entre le chalet d'alpage du Valais ou de Haute-Savoie, la maison indienne et la tradition érémitique orientale, surtout chinoise et japonaise, à travers les œuvres de Bada Shanren (Chu Ta) et Shitao, et les écrits de Ryokan ou Kamo No Chomei. La cabane en bois apparaît comme un idéal de vie en autarcie, un refuge, loin de l'agitation urbaine, offrant la possibilité de se concentrer sur les valeurs essentielles de la vie : l'observation du monde, de la nature, du cosmos, le développement de la vie intérieure, la méditation sur l'impermanence.

La série des peintures de Cabanes relie verticalement les Forêts aux montagnes de Sixt. Ayant arpenté certains versants, je me suis approprié un lieu précis, une petite prairie isolée où se dressent deux cabanes. Je me suis assis sur le seuil en pierre, vivant comme un ermite.

Les chaudes teintes résineuses du bois, grisé par les pluies, noirci de goudron ou brûlé, couronné d'un toit de tôle argentée aux longues traînées de rouille, ou d'ardoises lourdes, offrent une riche gamme chromatique à la palette du peintre.

Est-ce rêve ou réalité ? A l'heure où la Terre est scrutée par des milliers de satellites, où il est difficile de se passer de son téléphone portable, une pause est bienvenue. Même s'il ne s'agit que d'un fantasme, la peinture lui donne un semblant de réalité. Pour accéder au rêve de cabane, et en savoir plus sur mon exposition Notes de ma cabane à la galerie Louis Gendre, contactez-moi en cliquant sur ce lien.

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