Crânes du Valais

Faut-il que l'art soit toujours joyeux et coloré afin de séduire à coup sûr le spectateur ? Si le baromètre d'appréciation d'une œuvre d'art est le nombre de likes que sa publication sur les réseaux sociaux affiche, la réponse est clairement oui. Pour l'artiste, une œuvre rassurante – qui ne dérange pas - est le gage d'une bonne réception et facilite la vente. Pourtant, la question ne devrait pas se poser. L’œuvre n'a pas à être « aimable » ou « désagréable ». Elle est. Elle naît d'une nécessité.

Quand j'étais enfant, j'étais fasciné – effrayé et attiré à la fois – par la mort et ses représentations. Ma première rencontre avec un vrai crâne eut certainement lieu dans un musée face à une momie. Plus tard, j'ai été impressionné par les Catacombes de Paris. A vingt ans, je m'identifiais aux artistes expressionnistes allemands et écoutais la musique de groupes underground comme Dead Can Dance.

A mon entrée aux Beaux-Arts de Paris, j'ai pris mes distances avec ces formes d'expression, m'engageant dans un travail sur les forêts. En 2008, alors que je passais mes vacances en Suisse dans le Valais, j'ai visité l'église de Leuk et je me suis retrouvé par surprise face à un ossuaire. La mise en scène impressionnante - alternance de murs de crânes empilés et de fresques représentant la danse des morts, encadrés de tentures de velours rouge et de sentences - m'a beaucoup marqué.

De retour à Paris, la nécessité de réaliser une « vanité collective » s'est imposée à moi sept ans plus tard. J'ai entamé une première grande toile – 150 x 210 cm – mais suis tombé dans une impasse. J'ai dû entreprendre des études plus petites puis, après trois semaines d'interruption, j'ai peint une toile de format plus modeste – 130 x 162 cm - avec fluidité. Je l'ai intitulée Crânes du Valais en référence aux produits de la vallée du Rhône : abricots du valais, pommes du Valais...

Par la suite, j'ai représenté la même composition à la pointe sèche sur cuivre. J'ai aussi gravé un détail sur linoleum dont j'ai assemblé plusieurs dizaines de tirages afin de recréer le mur de crânes. Cliquez ici pour découvrir la toile en entier.

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