Forêts noires

Au XXIe S, malgré la forte pression de l'homme sur la nature, la forêt a gardé une part de son mystère. Bercés dans notre enfance par les histoires du Petit Poucet et du Petit Chaperon rouge, nous avons toujours peur de nous perdre en forêt ou d'y rencontrer le loup.

Plus encore quand la nuit tombe, qui neutralise nos défenses. La pénombre obscurcit notre vue, nous enveloppant de bruits inquiétants – craquements de branches, souffle du vent, cris d'animaux – auxquels la vue diurne nous faisait accorder moins d'importance.

Quand j'étais enfant, au retour de la maison de campagne de mes grands-parents, mes parents faisaient un détour en voiture pour aller chercher de l'eau à une fontaine naturelle située dans la forêt d'Orléans, la fontaine Fisher.

Après avoir engagé le véhicule sur un chemin de terre en pente descendante entre les hautes futaies, ils s'enfonçaient plus avant à pied avec leurs jerricans vides. La lumière des phares luttait contre l'assaut de la nuit, ne réussissant à repousser sa masse pesante que sur quelques mètres. Je voyais leurs silhouettes évanescentes comme englouties par la masse noire entre deux troncs fantomatiques.

Longtemps, cette vision m'a hanté. La série des Forêts noires en est la matérialisation. Je me suis promené à la tombée de la nuit dans la forêt de Montfort. J'ai marché un temps dans ce noir bleuté, piqueté de points lumineux multicolores comme lorsqu'on s'endort, enfant,et qu'on croit plonger dans le cosmos. Les arbres agités par le vent s'entrechoquaient, les taillis étaient secoués de mystérieux soubresauts.

Peu rassuré, j'ai fini par allumer la lampe de mon smartphone. Les branches luisaient phosphorescentes avant de s'éteindre dans mon dos. Je ressentais le plaisir du sacrilège – être au cœur de la nuit. Si vous désirez en savoir davantage sur les Forêts noires, contactez-moi en cliquant sur ce lien.

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