Le lac des Chambres

Connaissez-vous le lac des Chambres ? A chaque fois que j'évoque ce beau nom, j'imagine des pièces lumineuses faites de parois de verre, suspendues dans les hauteurs silencieuses. Mais que d'efforts pour l'atteindre !

On y accède au terme d'une marche assez rude de plus de 3 heures et demi. A partir du Pied du Crêt, la montée débute, au petit matin, par la traversée d'une forêt de grands hêtres aux troncs moussus, enveloppée du voile bleu de l'ombre épaisse, fraîche et silencieuse. Les racines enlacent de gigantesques rochers, témoins d'effondrements antérieurs à l'apparition des arbres. Elle m'évoque le mont Koya.

Après une passerelle jetée sur un torrent asséché, ornée de fanions tibétains, le chemin se fait plus raide encore, adossé à une paroi minérale, bordé de jeunes hêtres. Parfois une coulée de neige ou de pierres a taillé une saignée verticale, fauchant les troncs ainsi qu'une boule dans un jeu de quilles.

Au détour d'une barrière, le soleil apparaît. C'est bientôt le refuge du Folly - encore un joli nom - le temps de boire un jus de myrtille. Puis la montée continue, toujours plus raide, parsemée d'aulnes et de pins tortueux. De part et d'autre, les chaînes de montagnes, mâchoires de chien aux babines retroussées, exhibent leurs crocs aigus. On gravit une colline de lapiaz réduit en caillasse qui roule sous les pieds, menaçant de vous renvoyer vers le bas. Après un névé, une pente herbeuse d'un vert acide, courbe comme l'échine d'un ours, semble monter sans fin vers le soleil, masquant l'horizon.

Et soudain, le lac des Chambres est là, enchâssé dans une couronne de roches d'un gris rose. La glace, qui le recouvre en partie, saupoudrée de sucre rose, flotte en strates épaisses ou fines, déclinant les eaux du turquoise à l'indigo qui reflètent les neiges éternelles. Silence entrelacé d'un ruissellement. Le vol immobile d'un grand oiseau fait vaciller les crêtes. Cliquez vite sur ce lien pour accéder à l'un des derniers lac des Chambres disponibles !

Précédent
Précédent

Inné ou acquis ?

Suivant
Suivant

Déjeuner sur l’herbe