OLIVIER MOREL OLIVIER MOREL

Été japonais

Quelles sont les saveurs de l'été ? Ce sont souvent celles des vacances, avec lesquelles l'été se confond, bien que sa durée soit plus longue et rime aussi avec travail. Pour certains, ce sont les saveurs rassurantes de déplacements annuels ritualisés, pour d'autres celles inconnues de voyages lointains. En juin, je suis retourné au Japon, sur l'île de […]

Quelles sont les saveurs de l'été ? Ce sont souvent celles des vacances, avec lesquelles l'été se confond, bien que sa durée soit plus longue et rime aussi avec travail. Pour certains, ce sont les saveurs rassurantes de déplacements annuels ritualisés, pour d'autres celles inconnues de voyages lointains.

En juin, je suis retourné au Japon, sur l'île de Kyushu plus précisément. Difficile de décrire les saveurs estivales japonaises car elles échappent à nos habitudes, à nos classifications. C'est pourquoi je les apprécie tant. Subtiles, elles obligent à déployer une attention accrue à ce qui nous entoure. Gammes en demi-teinte auxquelles s'opposent les couleurs criardes des enseignes publicitaires, goûts sucrés-salés, à peine prononcés, que certains palais qualifient de fade, balayés par l’âcreté d'un soja fermenté. Tout est dans la nuance, l'entre-deux, la délicatesse, dans la moindre manifestation de la vie.

Kyushu est apparue dans la brume de ses ciels de mousson et les fumées de ses eaux thermales jaillissant du sol. A la moiteur de l'air qui embue le regard et l'objectif de l'appareil photographique s'ajoute le trouble du décalage horaire. Dans la chambre du ryokan, le miroir est voilé pour éviter une confrontation accidentelle et brutale avec soi-même. Derrière la vitre de l'aquarium, l’œil rond et naïf des calamars parcourus de d'étincelles versicolores semble pardonner celui qui les dégustera en sashimi.

La dentelle bleu pâle des hydrangéas frange le bord des étangs dont le miroir étincelle de l'éclat des nymphéas. Les montagnes douces ondulent à perte de vue, ordonnées comme un jardin botanique. Les longues plages bordées de pins noirs sont comme d'un autre temps, désertes. Elles s'ouvrent sur une mer ponctuée d'îles bleu-vert en forme de cloches, barrées du trait noir des digues anti-tsunami. Il est prudent d'emporter avec soi son parapluie-parasol qui servira en alternance à se protéger de l'eau et du feu. Tant d'images, tant de saveurs ! Il est temps de reprendre le chemin de l'atelier ! Si vous désirez être mis au courant des prochaines œuvres inspirées du Japon, rejoignez vite les contacts privés en cliquant sur ce lien.

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Saisir l’instant

Les lieux que nous aimons sont-ils éternels ? Nous les fréquentons depuis l'enfance ou nous les avons découverts, adulte, au gré de nos voyages. Ils constituent une sorte de géographie mentale à laquelle nous nous référons sans cesse. Y retourner est gage de ressourcement, y penser une évasion mentale qui permet de […]

Les lieux que nous aimons sont-ils éternels ? Nous les fréquentons depuis l'enfance ou nous les avons découverts, adulte, au gré de nos voyages. Ils constituent une sorte de géographie mentale à laquelle nous nous référons sans cesse. Y retourner est gage de ressourcement, y penser une évasion mentale qui permet de tenir dans les moments difficiles.

Nous les croyons permanents. Quand le monde semble vaciller , ils sont le point fixe, immuable. Ils nous rassurent, ils nous apaisent.

Pourtant, ces lieux sont fragiles. Le vieux quartier où nous aimions nous promener a été rasé, laissant la place à des barres d'immeubles. Un autre est envahi par des hordes de touristes. Le littoral sauvage est devenu lotissement. L'accès des dunes est interdit par souci de protection.

La montagne nous semblait préservée, imposant sa silhouette hiératique, ses neiges éternelles. Mais la neige fond, les glaciers reculent, les parois rocheuses basculent avec fracas, modifiant profondément sa physionomie.

En peignant les lacs du massif du Haut-Giffre – Anterne, les Chambres, la Vogealle, Gers, les Laouchets - j'ai cherché à fixer ce sentiment de bien-être intense face au miroir profond qui aspire le regard, nous faisant oublier la fuite du temps, et unit dans ses reflets notre esprit apaisé à celui de l'univers.

Mais l'été dernier, avec la canicule, les rives se sont asséchées, le bleu et le vert des eaux se sont dilués dans la boue, la terre crevassée a dévoilé des roches blanchies comme des os de dinosaure.

L'urgence climatique met en lumière une mission importante de l'artiste : saisir l'instant qui va disparaître afin de restituer, dans le futur, le passé. La peinture est le conservatoire des lieux éphémères, engloutis. Elle témoigne de ce qui a été et n'est plus. Pour accéder aux lacs, cliquez sur ce lien.

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Une bulle de temps

Peut-on s'arrêter de photographier ? Aujourd'hui, prendre une photo n'est plus un problème. Il suffit de sortir son smartphone et clic, c'est dans la boîte ! Les photos s'empilent sur la carte mémoire sans qu'on ait besoin de gérer quoi que ce soit. Même si j'utilise un appareil-photo, […]

Peut-on s'arrêter de photographier ? Aujourd'hui, prendre une photo n'est plus un problème. Il suffit de sortir son smartphone et clic, c'est dans la boîte ! Les photos s'empilent sur la carte mémoire sans qu'on ait besoin de gérer quoi que ce soit.

Même si j'utilise un appareil-photo, j'accumule moi aussi les images numériques, multipliant les prises de vues par peur de passer à côté d'un motif ou de rater un cliché. Du coup, il m'est difficile d'être totalement présent à ce que je vis, pris par l'habitude de cadrer mentalement, et la culpabilité de ne rien faire.

En automne dernier, je me promenais dans la forêt de Monfort-sur-Risle, le lieu de mes toiles de Forêts. La saison de la chasse avait débuté. Je portais un gilet fluorescent pour éviter de prendre un plomb. Malgré le danger, je désirais explorer une zone où je n'étais jamais allé, une parcelle plantée de jeunes pins. Au milieu des arbres dépassant à peine 3m, marchant par les allées envahies de fougères, j'espérais rencontrer des animaux.

Mon attente ne fut pas déçue. Après avoir réveillé un gros sanglier qui fila comme un boulet de canon, je rencontrais un jeune chevreuil, aussi surpris que moi, au milieu de l'allée. Tombés en arrêt à 5 m l'un de l'autre, nous nous fixâmes mutuellement du regard. J'étais pétrifié.

Immédiatement, je pensais le prendre en photo. Pour cela, il me fallait baisser mon bras droit lentement puis glisser ma main dans la poche de mon pantalon pour en extraire mon téléphone portable. La succession des gestes risquait cependant d'effrayer le jeune promeneur. Finalement, je décidais de ne rien tenter et de savourer pleinement cette apparition.

Le temps était suspendu. Nous nous regardions sans nous lasser. Je lui murmurais cependant qu'il n'était pas prudent pour lui de se laisser subjuguer par mes semblables, surtout ceux qui possèdent un fusil. Un instant, il jeta un œil devant lui - sa mère sans doute n'était pas loin - puis il revint à sa contemplation. Enfin, après une éternité, il reprit sa foulée tranquille, disparaissant dans les fourrés.

C'est alors que je découvris que mes mains reposaient sur mon appareil photo, suspendu en bandoulière. Je remerciais ma conscience d'être restée muette, me permettant de vivre intensément cette bulle de temps fragile, de la fixer dans ma mémoire plutôt que sur une carte-mémoire. Chaque peinture de Forêt est une bulle de temps. Savourer l'instant pour accéder aux Forêts en cliquant sur ce lien, c'est comme si un jeune chevreuil allait surgir !

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Le monde en petit

Les jouets ont un côté magique. Les personnages et objets miniatures que l'enfant manipule – poupées, soldats de plomb, trains électriques, dînettes, maquettes - lui donnent l'impression d'être un géant qui peut faire et défaire le monde à sa convenance. Leur miniaturisation semble le résultat d'un charme mystérieux. L'acte de peindre n'est-il pas de même nature ? […]

Les jouets ont un côté magique. Les personnages et objets miniatures que l'enfant manipule – poupées, soldats de plomb, trains électriques, dînettes, maquettes - lui donnent l'impression d'être un géant qui peut faire et défaire le monde à sa convenance. Leur miniaturisation semble le résultat d'un charme mystérieux. L'acte de peindre n'est-il pas de même nature ?

Dans son essai intitulé Le monde en petit consacré aux jardins en miniature en Orient, Rolf Stein écrit "Faire tenir l'univers dans un espace le plus restreint possible, c'est bien là un acte magique...".

Sans vouloir rivaliser avec la puissance du bodhisattva Vimalakirthi capable d'introduire le mont Meru dans un grain de moutarde (Sutra de la Liberté inconcevable), représenter un paysage de montagnes dans un carnet de croquis ou sur une toile tient de l'enchantement !

Capturer nuages et vents, animer cascades et torrents, couvrir de neiges éternelles les cimes majestueuses, dresser des forêts de sapins, recouvrir les pentes d'un tapis d'herbe et de pierres, restituer la structure de la roche, les strates géologiques, déployer l'immensité de l'espace par plans successifs, sont les défis du peintre !

Zong Bing, peintre chinois des 4e et 5e siècle de notre ère, s'en émerveille dans son Hua Shanshui Xu (premier traité sur la peinture de paysage en Chine) : « Si donc on tend une pièce de soie blanche pour y faire (trans)paraître le lointain, et le mont Kunlun et le mont Langfeng peuvent être enchâssés sur une surface d'un pouce carré. »

Pour peindre la montagne, il faut convoquer les forces qui lui ont donné naissance pour la dresser dans un espace réduit. A la magie de l'acte de peindre succède la magie agissant sur le spectateur à la façon d'un élixir. Le spectateur peut se projeter et pénétrer dans la peinture, quelle que soit sa taille.

« Veut-il se délasser par une randonnée ? Il n'aura qu'à dessiner sur le sol de sa cabane le site qu'il entend hanter. » (Rolf Stein). A ma suite, je vous invite à vous entrer dans mes peintures. Pour cela, il vous suffit de cliquer sur ce lien pour accéder aux pages de Montagnes.

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Vidéo d’atelier

Comment dévoiler la vie de l'atelier sans interrompre une séance de travail ? La vidéo est une ressource intéressante et offre de nombreux scénarios à l'artiste en fonction de ce qu'il souhaite communiquer. J'ai tourné ma première vidéo de peinture en 2015 avec […]

Comment dévoiler la vie de l'atelier sans interrompre une séance de travail ? La vidéo est une ressource intéressante et offre de nombreux scénarios à l'artiste en fonction de ce qu'il souhaite communiquer.

J'ai tourné ma première vidéo de peinture en 2015 avec 30 minutes dans la maison dans la forêt. Lors d'une exposition, un visiteur m'avait demandé si j'utilisais un vidéoprojecteur pour bâtir mes compositions. J'avais été vexé qu'on puisse envisager que j'aie recours à un procédé de reproduction mécanique. Non que je sois satisfait de la qualité de mon dessin, mais par son imperfection même, ma démarche me semble à l'opposé d'un rendu réaliste photographique.

Piqué au vif, et pour éviter tout quiproquo, je décidais de dévoiler ce qui se passe dans l'atelier loin des spectateurs.

Peindre en se sachant filmé n'est pas évident, même si je suis l'opérateur. Régler les détails techniques en amont demande un surplus d'attention qui peut détourner de la concentration nécessaire pour peindre. Par ailleurs, quand la séance de travail se passe mal, on rend vite la caméra responsable du fiasco.

J'ai consacré 7 séances d'une demi-journée à Sixt 36, du 22/10/2021 au 11/11/2021, soit environ 28 heures de peinture.

Les séances sont ponctuées d'arrêts silencieux, de préparation des couleurs et d'une foule de gestes sans intérêt apparent – gratter les couteaux à palette, décaper un bouchon de pot de peinture, accélérer le séchage de la toile, etc. Par ailleurs, il m'arrive de recommencer dix à vingt fois avant de faire le bon geste. Pire encore, je peux effacer une ou plusieurs séances de travail en grattant...

Comment montrer sans lasser ? Une possibilité consiste à faire un montage de courtes séquences. C'est le cas de Forêt rose. Cela implique des changements de cadrage fréquents et, seul, c'est très compliqué. L'autre possibilité est de filmer sans interruption en accéléré. Le montage repose sur les coupes.

J'ai réalisé deux versions de Sixt 36. Dans la courte – 3:26 -, je n'ai conservé que les touches finales. Le résultat est spectaculaire mais peu représentatif du vrai travail. Dans la longue – 17:36 -, vous pourrez constater qu'il y a parfois des moments difficiles en peinture ! N'hésitez pas à m'indiquer votre version préférée en me contactant par la messagerie.

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Peinture et mode

Peinture et mode font-ils bon ménage ? C'est une question trop vaste pour y répondre car tout dépend de la nature de cette relation et de la qualité des partenaires. Pour ma part, c'est la première fois qu'on me propose de réaliser une collection de vêtements inspirée d'une de mes toiles pour la société Artist La Marque. Enfin, pas tout à fait la première fois […]

Peinture et mode font-ils bon ménage ? C'est une question trop vaste pour y répondre car tout dépend de la nature de cette relation et de la qualité des partenaires. Pour ma part, c'est la première fois qu'on me propose de réaliser une collection de vêtements inspirée d'une de mes toiles pour la société Artist La Marque. Enfin, pas tout à fait la première fois...

Le premier contact avec François Gadrey, son co-fondateur, a eu lieu en 2011. Je ne me souviens pas comment il avait découvert mon travail. Je sortais de la longue série sur le Japon. François et son associée, Brigitte, faisaient appel à des artistes pour leur collection de prêt-à-porter. Le fait qu'ils aient travaillé avec Philippe Cognée m'avait convaincu d'accepter une rencontre.

Ils étaient venus à l'atelier. Une toile les attirait plus particulièrement, Nuit Akihabara 1, composition nocturne verticale dont les deux tiers sont occupés par un rouge lumineux et profond barré d'idéogrammes japonais noirs. Mais ils n'avaient pas trouvé le fil conducteur et le projet n'avait pas eu lieu. Il faut parfois du temps pour qu'un projet mûrisse.

Douze ans après ce premier rendez-vous, n'ayant jamais cessé de suivre mon travail, François m'a recontacté pour me proposer de réaliser une collection à partir de Forêt 48.

Forêt 48 est une toile aux couleurs chaudes, faisant partie de mon ensemble des 4 saisons. Dans la série des Forêts, c'est la toile emblématique de l'automne. Plus largement, elle s'inscrit dans mon observation des phénomènes du monde, ce qui nous rattache à l'univers, et pose la question de la préservation de la nature.

C'est pourquoi elle coïncide parfaitement avec le style libre et coloré d'Artist La Marque et avec son éthique de développement durable. Pour accéder à la collection Légende d'automne, cliquez sur ce lien.

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Aquarelles

L'aquarelle est-elle une technique de dessin ou de peinture ? Du fait de son support, le papier, elle est considérée d'ordinaire comme une technique de dessin. En revanche, l'usage du pinceau et la façon de l'appliquer, en surfaces et non par le trait, la classent plutôt dans la peinture […]

L'aquarelle est-elle une technique de dessin ou de peinture ? Du fait de son support, le papier, elle est considérée d'ordinaire comme une technique de dessin. En revanche, l'usage du pinceau et la façon de l'appliquer, en surfaces et non par le trait, la classent plutôt dans la peinture.

Elle partage avec l'encre de Chine la fluidité de l'eau. On parle de peinture à l'encre pour décrire les lavis chinois ou japonais. Ne pourrait-on pas parler de peinture à l'aquarelle ?

L'aquarelle souffre parfois de certains préjugés, véhiculés par des puristes qui ne souffrent pas qu'on puisse y ajouter quelques touches de gouache. Alors que j'étais aux Beaux-Arts de Paris, un aquarelliste m'avait reproché de ne pas m'en servir correctement. En réalité, en art, il n'y a pas de règles autres que celles que l'artiste s'invente.

Quand j'étais étudiant, j'ai beaucoup pratiqué l'aquarelle, à la campagne, brossant sur le vif des paysages ou saisissant, le soir, le feu dans la cheminée. J'ai confectionné de larges palets de pâte colorée, broyant à la cuillère des pigments avec de la gomme arabique - achetée en grosses pépites de tailles inégales, que j'avais stockées dans un bocal en verre comme des bonbons d'autrefois – et une pointe de glycérine, que je coulais dans des couvercles en plastique. Je les utilise toujours aujourd'hui.

Je ne jurais que par le papier à grain torchon aux formats 26 x 36 cm ou 36 x 51 cm. J'ai réalisé plusieurs séries, Feux, Poissons, Fouinières, Églises. Un jour, lors d'une exposition dont j'assurais la permanence, quelqu'un a déposé à la porte de la galerie, en catimini, un bloc de feuilles de papier aquarelle. Je n'ai jamais su qui était cette personne. Le bloc valait cher mais le grain était satiné... Malgré mes réticences, je l'ai testé. J'ai apprécié la finesse de son grain et j'y suis resté fidèle jusqu'à aujourd'hui.

Puis la peinture acrylique s'est imposée et j'ai relégué l'aquarelle à la recherche, concurrencée bientôt par le crayon de couleur.

En 2014, privé d'atelier pendant 3 mois pour cause de travaux, j'ai redécouvert l'aquarelle. J'ai réduit la taille de mes compositions, découpant des rectangles de 13 x 16,5 cm dans de l'Arches format raisin à grain satiné. La série Nouveau Monde est le fruit de ce travail, dont certaines compositions ont ensuite fait l'objet de peinture. La série Jardins japonais, quant à elle, est un série réalisée spécifiquement à l'aquarelle.

Depuis, je ne manque pas de réaliser quelques aquarelles de chaque nouvelle série pour le plaisir que cette technique me procure. Pour voir quelques-unes de mes aquarelles, cliquez sur ce lien. Pour en découvrir davantage, contactez-moi par la messagerie.

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Crayons de couleur

Les crayons de couleur, c'est pour les enfants ! C'est souvent ce que pensent les gens de cette technique. Moi aussi, j'ai longtemps associé de façon simpliste les crayons de couleur à l'école primaire et au coloriage. Il y a environ 30 ans, […]

Les crayons de couleur, c'est pour les enfants ! C'est souvent ce que pensent les gens de cette technique. Moi aussi, j'ai longtemps associé de façon simpliste les crayons de couleur à l'école primaire et au coloriage.

Il y a environ 30 ans, Christoph, un ami, m'a offert une magnifique boite en métal rouge, ornée d'une photo du Matterhorn, contenant 80 crayons de couleur d'une marque suisse. J'étais bien embêté car je ne me servais pas du tout de crayons de couleur dans mon travail artistique. Plutôt que de les stocker à la cave, je me suis mis à en utiliser quelques-uns à la place du crayon à papier. Très vite, j'ai apprécié la mine tendre et large, plus souple que celle du crayon graphite. J'ai aussi combiné le crayon avec des fonds d'acrylique ou avec l'encre brou de noix.

La décontraction dont faisait preuve David Hockney m'a certainement encouragé à m'en servir de façon autonome. Avec la première série japonaise (2003 - 2010), les crayons de couleurs sont devenus ma technique de prédilection pour ébaucher mes compositions dans des carnets de recherches. Le nombre de teintes restreint – bien qu'important - préparait la simplification des couleurs de mes peintures. J'aime la tonicité de la mine au contact du papier, la spontanéité et la fraîcheur, contribuant à dynamiser les formes, à libérer le dessin.

Les mettant parfois en concurrence avec les feutres à alcool ou acryliques, je continue de les utiliser de façon prioritaire dans mes travaux préparatoires. Récemment, ils ont été le fer de lance la belle série des Tokyo Kids, apportant une souplesse, une sensibilité et une finesse dans le trait que je n'avais jamais exploitées auparavant. Pour en apprécier les qualités et accéder aux Tokyo Kids, cliquez vite sur ce lien.

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Printemps japonais

Quelle est la date du printemps ? Dans l'hémisphère nord, le premier jour du printemps est systématiquement le 20 mars depuis 2008 – 21 mars en 2007, 19 mars en 2044 - jour de l'équinoxe de printemps. Mais il peut être début février selon le calendrier lunaire – Setsubun au Japon par exemple. Curieusement, […]

Quelle est la date du printemps ? Dans l'hémisphère nord, le premier jour du printemps est systématiquement le 20 mars depuis 2008 – 21 mars en 2007, 19 mars en 2044 - jour de l'équinoxe de printemps. Mais il peut être début février selon le calendrier lunaire – Setsubun au Japon par exemple.

Curieusement, dans mes œuvres, j'ai plus représenté le printemps des villes que le printemps des champs ou des forêts, sans doute parce que mes vues urbaines sont japonaises.

En forêt, le printemps est discret. Les perspectives labyrinthiques structurées par les troncs et les branches dénudées se bouchent progressivement, embuées de jeunes pousses d'un vert tendre. Des vagues de fleurs bleu pâle ou blanc recouvrent le rouge sombre des tapis de feuilles en décomposition. Forêt 47 en est la quintessence.

Au Japon, le printemps se traduit par une expansion chromatique intense. On connaît surtout hanami, la fête traditionnelle des cerisiers – sakura – en fleurs, au cours de laquelle des milliers de spectateurs ébahis déjeunent sous une pluie de pétales blanc-rose.

Mais il existe bien d'autres fleurs faisant l'objet de pèlerinages et de dévotion : les tunnels de glycines de Kita-Kyushu, les océans d'azalées du parc impérial de Tokyo, les rivières d'iris, les pivoines sous leur parasol de papier.

Le contraste est saisissant entre l'environnement urbain, d'une froideur géométrique, minérale ou métallique, et les lignes ondulantes des massifs vermillon d'azalées ou la beauté fragile des cerisiers.

Au pays du monde flottant et de l'impermanence, le printemps s'enfuit, d'ouest en est au rythme du calendrier des floraisons. Seule la peinture peut lui conserver son éclat. Cliquez vite sur le lien pour retrouver l'éternel printemps japonais !

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Portrait ou paysage

Êtes-vous plutôt portrait ou paysage ? La question est ambiguë. L'opposition portrait/paysage provient de l'informatique et décrit l'orientation verticale ou horizontale d'une impression numérique.
En peinture, portrait et paysage sont des genres dont […]

Êtes-vous plutôt portrait ou paysage ? La question est ambiguë. L'opposition portrait/paysage provient de l'informatique et décrit l'orientation verticale ou horizontale d'une impression numérique – l'équivalent de la reliure à la française ou à l'italienne en édition.

En peinture, portrait et paysage sont des genres dont la hiérarchie a évolué au fil du temps, mais aussi des formats de châssis : portrait (figure F) et paysage (P) – complétés par le format marine (M) – indiquent non pas une orientation mais un rapport de dimensions entre la longueur et la largeur. On peut donc peindre un paysage horizontal sur un châssis de format F, ou un portrait sur un format P placé verticalement...

J'ai toujours préféré le format F au format P, et encore plus au format M que je considère comme trop allongé. En ce qui concerne l'orientation, j'ai délaissé progressivement la verticalité pour l'horizontalité.

Est-ce à cause des sujets ? Dans mes séries japonaises, les formats verticaux font jeu égal avec les horizontaux et s'imposent notamment dans la représentation de personnages. Récemment, j'ai choisi la verticalité pour les Tokyo Kids mais leur assemblage en diptyques bascule dans l'horizontalité.

Dans les séries de montagnes ou de forêts, il n'y a plus que des formats horizontaux. Quand je prends des photos, je cadre majoritairement à l'horizontale dans un rapport 4/3 plutôt que 16/9. Quand je fais une photo verticale, je ne m'en sers jamais pour faire une peinture. La quête d'épure passe certainement par l'affirmation de décisions radicales et l'élimination d'options superflues.

Dans le commerce, il existe aussi des formats de châssis carrés mais je ne goûte guère cet équilibre hauteur = largeur. Néanmoins, j'ai réalisé quelques forêts dans ce format. Curieusement, ce sont plus des portraits d'arbres (voir Forêt 38 par exemple) que des espaces. Il semblerait donc que le format et l'orientation ont une incidence profonde sur le sujet ou sont choisis en fonction de celui-ci.

Que dire alors du format carré privilégié par les réseaux sociaux ? De toute évidence, il dénature les œuvres originales tout en facilitant leur diffusion. Le mieux, en tout état de cause, est de vous rendre sur la page des œuvres afin de les contempler dans leur intégralité !

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Une âme d’enfant

« Il a une âme d'enfant ! » On emploie cette expression pour qualifier soit un adulte immature soit un artiste, ces deux types de personnes étant souvent confondus. Je pense plutôt que […]

« Il a une âme d'enfant ! » On emploie cette expression pour qualifier soit un adulte immature soit un artiste, ces deux types de personnes étant souvent confondus.

Je pense plutôt que les enfants ont un esprit universel qui allie aux valeurs dites « enfantines » – spontanéité, fraîcheur, naïveté, légèreté, intuition, etc. - celles de l'intelligence, de la réflexion, de la conceptualisation.

Avoir une âme d'enfant consisterait à entretenir à l'âge adulte ces valeurs humaines universelles. La série Tokyo Kids s'adresse à tous ceux qui ont une âme d'enfant.

Plus que tout autre peuple, il me semble que les Japonais ont une âme d'enfant. Le Japon a toujours agi sur moi comme un catalyseur, amplifiant les phénomènes du monde tout en créant une mise à distance qui me permet de m'en emparer plus facilement.

J'ai le privilège d'avoir conservé un lien fort avec le monde de l'enfance en enseignant les arts plastiques à des enfants de 6 à 10 ans. Lors de mes nombreux déplacements au Japon, j'ai pu observer à loisir la présence forte des enfants au cœur de la société et leur rapport complexe avec le monde des adultes.

Tokyo Kids est la transposition de cette expérience subjective. Les gestes, les objets, les attitudes, racontent de nombreuses histoires comme au cinéma. La série – dont le nom provient du titre anglais d'un de ses films - est un hommage au réalisateur Yasujirō Ozu. Plus que Gosses de Tokyo, les dessins de Tokyo Kids m'évoquent les rapports parents/enfants d'un autre film du même réalisateur, Ohayō (Bonjour), où tendresse et humour alternent avec conflits, lassitude et mélancolie. Retrouvez les Tokyo Kids en cliquant sur ce lien.

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Le voyage immobile

Peut-on voyager en restant chez soi ? A l'ère du numérique et du métavers, la question semble naïve. Ce n'est pas le cas si l'on se situe avant l'apparition des mondes virtuels.
Au 5e siècle de notre ère […]

Peut-on voyager en restant chez soi ? A l'ère du numérique et du métavers, la question semble naïve. Ce n'est pas le cas si l'on se situe avant l'apparition des mondes virtuels.

Au 5e siècle de notre ère, Zong Bing, peintre et lettré chinois, écrit le Hua Shanshui Xu (Introduction à la peinture de paysage), l'un des premiers écrits sur la peinture de paysage. Après des années d'errance et d'érémitisme, refusant les honneurs et les postes que l'empereur lui proposait, le vieux sage fatigué retourne s'installer en ville pour écrire. « […] je déroule des peintures et les regarde à l'écart, explorant assis les régions du monde. ».

Ayant représenté les montagnes pendant toute sa vie, le peintre les parcourt de nouveau, visuellement et mentalement, dans l'espace clos de son atelier. La peinture comme voyage immobile...

Le désir de peindre la montagne trouverait-t-il son origine dans celui de revivre en atelier l'expérience vécue en vrai ? Quoiqu'il en soit, l'acte de peindre réactive en moi le bien-être des marches alpestres, enrichissant la photo – seule trace visible du souvenir - des multiples sensations passées.

Mon vœu le plus cher serait de déclencher chez le spectateur le même bien-être par immersion et propagation. Prêt au voyage immobile ? Cliquez vite sur ce lien pour accéder à mes peintures de montagne.

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L’angoisse de la page blanche

Ressentez-vous l'angoisse de la page blanche ? L'impossibilité de dessiner ou d'écrire à l'instar du "poète impuissant qui maudit son génie" à la lueur de "la clarté déserte de ma lampe sur le vide papier que la blancheur défend" (Mallarmé, extraits d'Azur et de Brise marine) ? Dans cet esprit, l'art naîtrait du […]

Ressentez-vous l'angoisse de la page blanche ? L'impossibilité de dessiner ou d'écrire à l'instar du "poète impuissant qui maudit son génie" à la lueur de "la clarté déserte de ma lampe sur le vide papier que la blancheur défend" (Mallarmé, extraits d'Azur et de Brise marine) ?

Dans cet esprit, l'art naîtrait du néant, alimenté par une inspiration aussi soudaine que magique. Cette vision romantique est très éloignée de la réalité d'une pratique artistique. La création est un processus continu qui se nourrit de sa propre action.

Dans ma pratique, cette action passe par le dessin, plus précisément par d'une suite de croquis tracés dans un cahier de recherches. Qu'importe la qualité, le dessin a pour fonction de matérialiser une pensée, de transcrire et de transformer une observation.

Chaque dessin – ou trace – s'inscrit dans un ensemble. Il répond à un questionnement. Sa valeur est relative. Seule compte la réponse qu'il apporte, que le dessin suivant tentera de préciser ou de compléter. La page perd vite sa blancheur !

Le réseau de lignes s'épaissit au fil de la recherche. J'utilise peu la gomme car les "erreurs" servent de repères et permettent de mieux appréhender l'espace de la feuille. Le dessin sert aussi d'échauffement, comme un pianiste faisant ses gammes.

Quand vient l'étape de la peinture, nul besoin d'inspiration. L'idée a déjà pris forme. Comme la feuille, la toile ne reste pas vierge longtemps. Par le trait ou la surface, il faut bâtir avec le même processus d'approximations successives.

Pour supprimer l'angoisse de la page blanche, il suffit de travailler de façon régulière et naturelle, sans chercher l'absolu. Pour accéder à mes œuvres en ligne, cliquez vite sur ce lien.

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Emotions artistiques

Peut-on accéder à l'art sans être un spécialiste ? Qui ne s'est pas posé la question face à une œuvre qui semblait hermétique ou lors d'une soirée en écoutant des invités énoncer avec aplomb leurs convictions artistiques. On préfère se taire par peur de […]

Peut-on accéder à l'art sans être un spécialiste ? Qui ne s'est pas posé la question face à une œuvre qui semblait hermétique ou lors d'une soirée en écoutant des invités énoncer avec aplomb leurs convictions artistiques.

On préfère se taire par peur de dire une bêtise ou résumer le compte rendu de notre dernière visite d'exposition par un « c'était très intéressant ». Ceci est vraiment dommage car l'art appartient à tous. Demandez à un enfant ce qu'il pense d'une œuvre, il vous donnera son avis sans complexe, avec franchise et simplicité. Pourquoi ne pas faire de même. Nul besoin de légitimité. Quand on est face à une œuvre, il faut oublier ce qu'on a appris ou entendu et essayer simplement de comprendre ce que l'on ressent. A quoi cette œuvre nous fait-elle penser, que nous rappelle-t-elle, quelle émotion déclenche-t-elle en nous. Qu'est-ce que j'apprécie, qu'est-ce qui me dérange, pour quelles raisons ?

J'ai eu mes premières émotions devant des œuvres d'art à 19 ans lors d'un voyage à Londres. C'était la première fois que j'entrais volontairement dans un musée. Fasciné par les tableaux de la National Gallery et du Courtauld Institute, je me suis constitué mon petit musée personnel, dérobant - j'avais peu de moyens mais il y a prescription... - quelques cartes postales qui ont constitué mon terreau artistique. De grands artistes mais pas n'importe quelles peintures ! La mort d'Actéon de Titien, Rembrandt et son Hendrigkje au bain, le Saint Georges d'Ucello, etc.

On ne peut pas tout comprendre ni tout aimer mais vous trouverez forcément une œuvre qui vous procurera des émotions. Elle vous entraînera plus loin que vous n'imaginiez, vous ouvrira la porte de nouveaux territoires, changera profondément votre vie.

J’ai mis en ligne des toiles inédites de ma série Nouveau Monde, certaines sont complexes. Même si vous n'êtes pas un spécialiste, n'hésitez à les contempler en cliquant sur ce lien puis à me faire part de votre ressenti en me contactant par le formulaire de contact.

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OLIVIER MOREL OLIVIER MOREL

Devoirs de vacances

Peut-on concilier travail et vacances ? Nous menons des vies paradoxales : aux longues périodes d'un labeur intense et contraignant, associées à un environnement urbain stressant, succèdent de courtes périodes de vacances attendues avec impatience. Seuls moments de ressourcement et de liberté, elles doivent offrir […]

Peut-on concilier travail et vacances ? Nous menons des vies paradoxales : aux longues périodes d'un labeur intense et contraignant, associées à un environnement urbain stressant, succèdent de courtes périodes de vacances attendues avec impatience. Seuls moments de ressourcement et de liberté, elles doivent offrir, en un temps resserré, repos, famille, découverte, émerveillement, dépaysement, nature. C'est dire l'enjeu énorme et le risque de déception au cas où l'un des objectifs énoncés ne serait pas atteint.

Pour un artiste, la situation est quelque peu différente. L'activité artistique ne se résume pas au travail dans l'atelier. La création se nourrit au quotidien du spectacle de la vie. Dans mon cas personnel, elle s'enrichit beaucoup du déracinement : déplacements à la campagne, en montagne, en forêt, au bord de la mer, à l'étranger, et plus généralement tout ce qui vient perturber mes habitudes, réveiller mes sens.

Les vacances répondent à cette nécessité. Autrement dit, en vacances, je travaille tout le temps. Pas forcément de la façon la plus traditionnelle mais en emmagasinant le plus d'informations et d'éléments nouveaux qui irrigueront

ma création. En fonction du lieu, de la durée du séjour et de mon état de fatigue, je peux emporter de quoi dessiner ou peindre. Le temps du dessin est un temps long – c'est presque du luxe aujourd'hui ! -, c'est pourquoi j'emploie plus volontiers l'appareil photo. Et parfois, je ne fais rien, préférant vivre l'instant et le graver dans ma mémoire.

L'été dernier, je suis parti à Sixt avec une tablette graphique. C'est la première fois que je m'en sers. Le plein air ne facilite pas les choses et je n'ai pas trop l'habitude du stylet qui glisse sur la surface vitrée de l'écran. Je préfère la sensation du crayon de couleur au contact d'un papier légèrement pulpeux. Mais le grand avantage est de pouvoir effacer et recommencer à l'infini. J'ai testé différents types d'outils, de textures. J'ai tenté de construire l'espace en couleurs. C'est moins encombrant que le matériel habituel - pot à eau, chiffon, pinceaux de différentes tailles, boite de couleurs.

Contrairement aux vidéos de peinture en « timelapse » dans lesquelles j'élimine beaucoup de repentirs au montage, dans les vidéos d'Ipad, j'ai parfois conservé effacements et retours en arrière. Ceci permet de visualiser le processus complexe du dessin avec les hésitations, les ratages... Le résultat n'a évidemment rien à voir avec des œuvres sur toile ou sur papier mais c'est une bonne façon de concilier travail et vacances. Cependant, si vous désirez voir de vraies aquarelles et de vraies peintures, il suffit de cliquer sur ce lien.

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OLIVIER MOREL OLIVIER MOREL

L’hiver

Aimez-vous l'hiver ? D'un côté, les ciels lourds, l'air glacé, la nuit qui tombe dès 16h... - on se dit qu'il va falloir tenir bon pendant longtemps avant le retour des beaux jours -. De l'autre, des lumières étranges, captivantes, jaune de Naples ou gris de Payne, les brumes mystérieuses, la silhouette graphique des arbres dépouillés. Pour un artiste, il est difficile de […]

Aimez-vous l'hiver ? D'un côté, les ciels lourds, l'air glacé, la nuit qui tombe dès 16h... - on se dit qu'il va falloir tenir bon pendant longtemps avant le retour des beaux jours -. De l'autre, des lumières étranges, captivantes, jaune de Naples ou gris de Payne, les brumes mystérieuses, la silhouette graphique des arbres dépouillés.

Pour un artiste, il est difficile de travailler en extérieur en hiver ! Il m'arrive cependant de dessiner en forêt, bien emmitouflé. Dans le silence des futaies, sangliers ou chevreuils passent comme des ombres. Le temps semble pris dans la glace. Comme je peins d'après photo, j'en profite surtout pour faire de belles balades dans une nature transfigurée, doigts gelés sur le déclencheur. J'ai peint de nombreuses toiles de forêts hivernales. Forêt 1 date de 2014. Sur un fond bleu vif, dans une gamme de teintes pâles, les branches de jeunes arbres abattus s'entrelacent au sol comme des lianes. J'avais peint cette composition pour encadrer une toile indienne, Le déjeuner sur l'herbe, à l'occasion de mon exposition 1001 nuits à l'Orangerie de Cachan !

En montagne, les traces dans la poudreuse, les ombres bleues démesurément allongées, les branches sinueuses enrobées de givre comme du sucre cristal sont sources d'inspiration pour le photographe. En revanche, pour moi, c'est plus compliqué en peinture. J'ai réalisé peu de compositions de paysages de neige. La raison vient probablement de la gamme chromatique que je trouve limitée : bleu des ombres et du ciel, gris et marrons de la roche, trop grande présence du blanc. J'aime tant les couleurs ! L'approche est davantage calligraphique, comme dans la série de petites toiles de Leukerbad.

Pour peindre, il est nécessaire de s'imprégner de son motif. Il faut s'immerger dans le paysage, en recueillir les sensations qu'il fait naître, agréables ou déplaisantes. Peut-être est-il temps de retourner à la montagne et de chausser des raquettes pour suivre les chamois à la trace et rapporter de nouvelles expériences – pieds et nez gelés, solitude au sein de l'immensité glacée - qui vont nourrir ma peinture ? Mais vous pouvez aussi rester bien au chaud et accéder à mes paysages d'hiver en cliquant sur ce lien.

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Les secrets du labyrinthe

Souhaitez-vous connaître les secrets de Labyrinthe 2K2 ? L'origine de ses couleurs, la signification des motifs ? Quand il sera achevé ?
Le tissage du tapis, dont j'ai réalisé le carton, se poursuit depuis maintenant un an à la manufacture de la Savonnerie, au Mobilier National, à Paris. Difficile de déterminer le temps nécessaire à son achèvement. Encore 5 ou 6 ans de travail, peut-être davantage […]

Souhaitez-vous connaître les secrets de Labyrinthe 2K2 ? L'origine de ses couleurs, la signification des motifs ? Quand il sera achevé ?

Le tissage du tapis, dont j'ai réalisé le carton, se poursuit depuis maintenant un an à la manufacture de la Savonnerie, au Mobilier National, à Paris. Difficile de déterminer le temps nécessaire à son achèvement. Encore 5 ou 6 ans de travail, peut-être davantage... Le temps est comme suspendu. L'important n'est pas la fin mais le cheminement, ce qui se noue à chaque instant sur le métier à tisser avec l'équipe des lissières. La danse des doigts agiles glissant la navette entre les fils évoquent la magie des temps anciens, Pénélope, les Parques...

La gamme chromatique du carton qui sert de modèle au tissage du tapis s'inspire de ma toile Méduses 4. Lors de la phase de transposition, le nombre de couleurs du tapis a été ramené à 44. Aucune de ces couleurs n'existant dans le Nuancier de la Savonnerie – bien que celui-ci en conserve plus de 16 000 – il a fallu les créer à l'atelier de teinture. Chaque nouvelle teinte portant le nom du créateur du tapis, il y a désormais 44 couleurs Olivier Morel parmi les 16 000...

Labyrinthe 2K2 fait référence aux labyrinthes gothiques à l'image du pavement de la cathédrale de Chartres. Cependant sa structure tire sa source d'un détail du mandala Kongokai de l'école bouddhique japonaise Shingon.

Il rend aussi hommage aux tapisseries mille-fleurs médiévales, dont l'énigmatique et somptueux cycle de la Dame à la licorne. Cléome, iris, rose... Sur le damier de fleurs sont imprimés les modules du labyrinthe. Le pied – incitation à se déchausser -, le triangle et la main indiquent les entrées, invitant à une déambulation sensuelle et méditative. Si vous désirez en savoir davantage, n'hésitez pas à rejoindre mes Contacts Privés en cliquant sur ce lien.

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La beaute des choses imparfaites

Faut-il chercher à atteindre la perfection en art ? En Occident, dès l'enfance, le système éducatif valorise cette quête par un système de notation évaluant la maîtrise de chaque élève. Cependant, Balzac, dans Le chef d’œuvre inconnu, à l'absolu de Frenhofer oppose le pragmatisme de Poussin et nous invite à penser autrement. Intuitivement, je me suis toujours […]

Faut-il chercher à atteindre la perfection en art ? En Occident, dès l'enfance, le système éducatif valorise cette quête par un système de notation évaluant la maîtrise de chaque élève. Cependant, Balzac, dans Le chef d’œuvre inconnu, à l'absolu de Frenhofer oppose le pragmatisme de Poussin et nous invite à penser autrement.

Intuitivement, je me suis toujours tenu à distance de la perfection, préférant une forme imparfaite et vivante à un idéal fantasmé et sec. Quel bonheur d'avoir découvert l'esthétique wabi-sabi au Japon !

« Wabi-sabi est la beauté des choses imparfaites, impermanentes et incomplètes.

C'est la beauté des choses modestes et humbles.

C'est la beauté des choses atypiques. »

Leonard Koren, Wabi-sabi – édition Le Prunier

Cette définition correspond parfaitement à mon travail artistique. Elle s'applique bien à mon installation des Buddha Sutras. Chaque statuette, bien que née d'un même moule, échappe au modèle d’origine par un façonnage manuel après le démoulage. Le mélange accidentel des émaux, leur application gestuelle, leur comportement à la cuisson, rendent le résultat aléatoire. Éclats de couleur incontrôlés, accidents, craquelures, l'imperfection est la règle.

Les socles de l'installation ont été conçus dans le même esprit. J'ai suivi des cours pour apprendre à monter des pièces sur un tour de potier pendant un an. Inutile de dire que je suis loin d'être un potier expérimenté. Mais j'ai bénéficié de la bienveillance de mes professeurs qui ont accepté que mes formes ne soient pas parfaites. Chaque pièce est unique, non-calibrée. J'ai improvisé les courbes directement sur le tour, inspiré par la balle de terre.

L'installation socles + statuettes forme une cité miniature aux allures changeantes constituée de stupas de différentes hauteurs. Chacun est couronné d'un Bouddha qui enferme un extrait de sutra. A la question « Faut-il enlever l'opercule qui le protège ? », je n'ai pas la réponse. Vous seul l'avez si vous entrez en possession d'un des Buddha Sutras. Pour cela il suffit de cliquez sur ce lien.

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Buddha Sutras

J'ai longtemps été indifférent aux statues du Bouddha exposées dans les musées. Ma perception a changé lors de mes séjours au Japon quand je les ai vues au cœur d'un environnement complexe sollicitant les 5 sens : odeurs d'encens, craquement du feu, murmures, psalmodies, tintements, claquements de mains […]

Comment rendre visible ce qui ne l'est pas ? Comment donner forme à un concept ?

Dans mes toiles de Sixt, les montagnes expriment à la fois des paysages réels et une puissance cosmique. Mais la valeur spirituelle contenue dans la forme peut passer inaperçue. C'est la raison pour laquelle j'ai entrepris un travail artistique plus explicite avec une installation en trois dimensions autour de l'effigie du Bouddha.

Difficile cependant d’échapper aux idées convenues associées cette image. C'est le défi que je me suis fixé avec le projet Buddha Sutras.

J'ai longtemps été indifférent aux statues du Bouddha exposées dans les musées. Ma perception a changé lors de mes séjours au Japon quand je les ai vues au cœur d'un environnement complexe sollicitant les 5 sens : odeurs d'encens, craquement du feu, murmures, psalmodies, tintements, claquements de mains, rythmes incantatoires, notes suspendues de la cloche, pénombres d'une profonde densité, douceur des planchers de bois, âcreté du thé vert, saveurs étranges de la nourriture des moines...

J'ai découvert aussi les alignements émouvants de Jizo – divinité bouddhique protectrice des enfants – du Zojo-ji ou du Jomyo-in à Tokyo. La standardisation des sculptures est bouleversée par l'action lente des intempéries ou par les vêtements dont on les a habillées. Chaque effigie semble s'imprégner de l'esprit de l'être auquel elle a été consacrée.

Riche de ces expériences, je me suis emparé de la statue du Bouddha pour exprimer cette énergie universelle qui circule en chaque être humain, la révélant par le travail de la terre et du feu. Sous l'action de l'émail, la forme impersonnelle se recouvre des couleurs des passions humaines.

L'installation Buddha Sutras se compose de statuettes uniques réunissant chacune l'ensemble de ces valeurs. Vous pouvez les acquérir dès maintenant en cliquant sur ce lien qui vous dirige vers la page dédiée aux Buddha Sutras.

Les Buddha Sutras seront exposés les 3 et 4 décembre à Paris SUR INVITATION UNIQUEMENT, CONTACTEZ-MOI PAR LE FORMULAIRE DE CONTACT.

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Huile ou acrylique ?

Parmi un groupe de personnes venues visiter mon atelier, une dame me demanda, tandis que je déroulais mes toiles sur le sol, s'il s'agissait de peinture à l'huile ou à l'acrylique. Puis, après que je lui eus indiqué qu'il s'agissait d'acrylique, déclara d'un ton péremptoire qu'on se lassait beaucoup plus vite de l'acrylique que de l'huile […]

Préférez-vous l'huile ou l'acrylique ? Plus précisément, appréciez-vous davantage une œuvre réalisée avec de la peinture à l'huile ou avec de la peinture acrylique ? Il est tentant de chanter la comptine "La peinture à l'huile c'est bien difficile mais c'est bien plus beau que la peinture à l'eau" !

Parmi un groupe de personnes venues visiter mon atelier, une dame me demanda, tandis que je déroulais mes toiles sur le sol, s'il s'agissait de peinture à l'huile ou à l'acrylique. Puis, après que je lui eus indiqué qu'il s'agissait d'acrylique, déclara d'un ton péremptoire qu'on se lassait beaucoup plus vite de l'acrylique que de l'huile.

Que penser de ce genre de propos tenu par une personne qui ne sait pas faire la différence par elle-même ? Il est difficile d'aborder l'art à travers des idées toutes faites.

Avec une certaine maîtrise de l'acrylique, le peintre obtient des effets – transparence, luminosité, vivacité des couleurs, dégradés – qui rivalisent avec la peinture à l'huile. Cependant, ce n'est pas le sujet. L'huile et l'acrylique ont chacune leurs spécificités, dont les différences enrichissent l'art plutôt qu'elles ne l'appauvrissent. Choisir entre les deux, c'est comme choisir entre les fraises et les framboises, le chêne et le hêtre, la mer et la montagne.

En tant qu'amateur d'art, je ne me pose même pas la question et n'ai aucune préférence. Tout dépend de la qualité de l’œuvre. En tant qu'artiste, j'ai choisi depuis longtemps l'acrylique, le medium qui me convient le mieux pour sa rapidité de séchage, son absence d'odeur – je suis allergique à la térébenthine – et pour sa plasticité. Je ne m'en suis jamais lassé. Cliquez sur ce lien pour consulter mes œuvres, je vous promets que vous ne vous en lasserez pas non plus !

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